Confiner, confinement, isoler, être à l’isolement
Voilà ce qui se passe depuis mi-mars
On nous a intimé l’ordre de rester chez soi
De faire avec soi de l’entre-soi et n’être que seul en intimité
Alors me voilà isolé, comme une île, séparé du continent
Il n’est plus admis ou possible de continuer et de maintenir les choses ainsi
Ne pas laisser faire, il en est fini de l’usage
De jouir à l’envie de sa liberté
Fini les ingénuus et les nobilis
Je suis dépossédé de mon pouvoir
Pouvoir d’aller et venir à ma guise
Privé de mon importance partagée, me voilà mis à part
A part de quoi, et à part ça ?
Me plaindre et souffrir me paraît bien inadéquate
Alors je voyage, je pars à la découverte
D’une voie à parcourir
Qui relie la distance que j’ai pu laisser quelques fois
A me tenir éloigné d’un que je dois connaître mieux que quiconque
Le « je » que j’ai omis de mettre en lumière
au profit de relations externes
De relations plus avantageuses à mon image
Mon alter ego, mon autre moi, laissé à l’abandon
Celui-là même que j’ai laissé au pouvoir d’autres
Alors plutôt que mettre à bandon
Je donne à ban
Et m’abandonne au seul seigneur de la maison
Je lâche et laisse la liberté de s’exprimer
à mon être, à mon âme
je mets à découvert tout ce que de moi
jusqu’à présent resté dans l’ombre
et laisse émerger la lumière du moi, du je et du soi
qui ne demande qu’à briller.
J’écris,
Je cherche et recherche
Du sens, de la vie, de l’amour
Dans chaque instant présent
Je cesse de projeter
J’arrête d’imaginer le futur
Je me concentre sur le moment
Je vis
Isolé des autres
Dans la complétude de mon île
Je tente et j’ose me remplir
Rassasié et comblé sans être suffisant.
